New
York. 7H30. Aéroport John F. Kennedy. Claudine m'a amenée en
voiture, deux thermos à la main. On est enfin arrivés. J'ai trois
vols aujourd'hui : le premier est pour Detroit. Dois-je vous
avouer que je n'ai même pas entendu l'avion décoller ? J'me
suis réveillée au moment où on atterrissait. Vous m'direz, comme
ça, ça passe beaucoup plus vite… Deuxième vol pour Minneapolis,
que j'ai de justesse. J'adore l'avion, mais j'en peux plus de toutes
ces formalités, et de ces vols à rallonge (oui, je sais, oublions
d'être français, oublions de râler cinq minutes...). Cette fois,
pas de nourriture proposée dans l'avion, alors j'attrape des
cochonneries au passage : paquet de chips, mini-bretzels. Mes
vols s'enchaînent, et je n'ai malheureusement pas le temps de
commander un sandwich (j'ai voulu en acheter un tout fait, j'ai renoncé
quand j'ai vu sa tête...). Puis, enfin, vol pour Regina. Je suis un
peu plus consciente de ce qui m'arrive parce qu'un peu moins
fatiguée. Il y a quelques soucis avant le décollage, donc l'avion a
du retard. Tant mieux. Je suis à l'intérieur, et je regarde toutes
ces familles s'installer. On ne peut pas dire qu'il n'y ait que des
poids plumes. J'suis d'ailleurs un peu serré, le bonhomme à côté
de moi est un peu large. Tant pis. Il mange la même chose que le
type dans Toy Story 2 : des espèces de Croustilles de Belin,
mais fourrés au fromage (cheddar) coulant au milieu. Ca m'donnerait
presque faim, mais quand je le regarde, avec sa famille, donner ça à
son tout jeune fils, j'me dis qu'il vaut mieux que mon estomac
n'ingurgite pas ça. Vraiment. On finit par décoller. C'est fou
comme tout est géométrique et carré vu du dessus. On commence à
voir de la neige un peu partout. Le co-pilote annonce qu'à notre
arrivée, il fera -23°C. On sent une rumeur dans l'assistance, en
mode « ah oui, quand même ». Ca m'fait rire : je
suis préparée maintenant ! Même si à New York, ni neige, ni
température négative, St-Pétersbourg m'a un peu (beaucoup) aidée
à mettre au point mes techniques contre le froid. Quand je descends
(enfin!) de mon dernier avion, c'est un peu comme la victoire. J'me
moque de tout. Je suis accueillie par un jeune homme barbu qui essaye
de me parler français. Charming. On m'enferme dans une pièce où on
me pose des questions avant de me délivrer mon « student
permit » (permis d'étude). Je remarque que le jeune homme qui
attendait avec moi pour rentrer dans cette fameuse pièce passe un
mauvais quart d'heure, alors que moi, j'ai la vie belle. Je suis
française, il vient de Colombie. C'est tellement injuste. Il a l'air
tétanisé, et on lui pose des questions du genre « pourquoi
habites-tu en Colombie ? ». Bah, parce que j'y suis né,
en fait. Pour ma part, que des questions de formalité : ce que
je fais comme étude, pourquoi je viens au Canada – la routine. On
me laisse finalement sortir. Cette fois, c'est la liberté. Je
découvre un stand avec des étudiants de l'université qui nous
attendent pour nous guider. Les canadiens sont géniaux !! Un
type m'explique tout ce que j'ai à faire, et m'emmène prendre un
taxi (il n'y a pas de bus jusqu'à l'université). Quand je passe la
porte de l'aéroport, je m'attends à un choc thermique
spectaculaire. Même pas. Je sens qu'il fait froid, mais pas plus.
Pas comme à Saint-Pétersbourg. Je monte dans le taxi, et une
vingtaine de minutes plus tard, me voilà à l'Université de
Regina ! Un commissionnaire me donne mes clés, me fait signer
mon contrat, m'indique tout ce que je dois savoir, me donne ma petite
enveloppe. Je prends donc mes affaires, et commence lentement à me
diriger vers College West, ma résidence. J'y arrive, toute contente
d'avoir réussi la première étape du voyage. Oui, d'accord, mais il
est où mon appartement en fait ? Je regarde sur l'enveloppe, je
n'ai que des numéros étranges comme indications. J'me dirige vers
l'ascenseur, d'un pas absolument pas assuré, quand deux jeunes me
voient, et me demandent si j'ai besoin d'aide. Je leur dis que oui,
j'suis perdue et que je cherche mon appartement. Ils sont tous les
deux hyper enthousiastes, et m'amènent jusqu'à devant chez moi. Je
les remercie chaleureusement, tout le monde est gentil ici. Je
rentre, personne à part moi. Je découvre ma chambre :
spacieuse, éclairée. Je m'installe, heureuse. Je ne peux pas
attendre plus de 21h, je m'effondre sur mon lit … Pour mieux me
réveiller le lendemain, à 12h. Oups.