9h.
Réveil. Bon, j'étais debout vers 7h du matin parce que mon corps
croyait qu'on était en plein après-midi, mais il s'est vite
rendormi, croyez-moi … J'avais demandé à Claudine de me réveiller
pas trop tard (pas trop tôt non plus) pour pouvoir profiter de la
journée. Quand je suis rentrée dans la cuisine, Scott était allé
nous chercher des bagels pour le petit-déjeuner ! Un petit
point culinaire s'impose. Si toi aussi, jusqu'à aujourd'hui, tu
croyais que les bagels étaient des espèces de sandwichs avec un
trou au milieu, tu te trompes – ou presque. Les bagels ici
désignent juste le pain (fait maison, aussi bon qu'en France, miam),
en forme de cercle donc, aromatisé à ce que tu veux (il y en a des
tout simples aux graines de sésame, ou pavot, des plus doux, sucrés
avec des raisins...), sur lequel tu étales un fromage, une sorte de
crème pour être précis … Huummm : un régal du matin !
Du coup, j'ai pas pu m'empêcher de les goûter tous ! J'ai
envie de retourner dans le New Jersey, rien que pour manger de
nouveau des bagels. Il s'avère aussi, au moment où je commence à
m'empiffrer, que Claudine est allé m'acheter un téléphone et un
forfait, 12$ le tout. Adorable, disais-je en introduction. Max est
debout et déjeune avec nous, mais Maddie avait l'air bien fatigué
hier soir, et est donc toujours au lit. Pendant que Scott me fait une
fiche détaillé de tous les éléments que je dois savoir pour
survivre quelques heures dans New York sans eux, Claudine et moi
sélectionnons le show que je vais aller voir le soir-même. Au
début, bien sûr, je suis tentée par l'Opéra de New York, j'en
avais tellement parlé à la fac (n'est-ce pas Camille ?) - mais
je finis par me décider pour une comédie musicale à Broadway !
(Pourquoi ? Les horaires me permettaient de visiter la ville, et
de rentrer pas trop tard, alors qu'avec l'opéra, ça aurait été …
très compliqué. Et non, ce n'est pas le prix qui m'a freinée,
c'était à peu près la même chose). Claudine m'accompagne donc
jusqu'à l'arrêt de bus (juste à côté de leur maison), et me
voici en partance direct pour New York, à 25 minutes d'ici !
Youhouuuu !! J'entends de jeunes adolescentes raconter leur vie,
ponctuées de « like », « he was like », « I
was like » … Ca me rappelle le lycée. Arrivée en ville,
qu'est-ce qu'on fait ? On prend un taxi jaune ! Comme dans
les films ! Bah oui, voyons. « - Where are you going,
m'dame ? - To the Metropolitan Museum, please. ». Ah, les
joies du taxi à New York … Ok, ils conduisent vite et mal, en
doublant tout le monde. Mais j'ai vécu la Russie. Alors depuis,
toute conduite paraît calme et paisible (j'exagère un peu, mais
tout de même – c'est assez vrai). Me voilà devant le (je le
rappelle) METROPOLITAN MUSEUM OF ART DE NEW YORK, et c'est juste …
Wahou. Immense, crowded, magnifique. Je rentre, j'fais la queue pour
avoir un billet (évidemment), et là, je parcours tout ce que je
peux, c'est la course à la culture : l'art chinois, les temples
indiens, l'Egypte antique, la Rome antique, le cubisme, les
impressionnistes, les contemporains, les photographes etc. 14h30, et
on décide de retrouver la famille. J'sors, j'ai un petit creux :
oh, des hot dogs à 2$ ! Oh, Central Park ! Et j'me
retrouve à me promener avec un hot dog à Central Park. Normal. Au
bout du chemin, je finis par déboucher sur la route, là où
m'attendent Scott, Claudine et les enfants. C'est l'occasion d'un
deuxième road trip in New York ! Ils me montrent plein de
choses que je n'ai pas encore pu voir : la vue du bas de
l'Empire State Building, le Plaza, l'extérieur de Central Park, la
cinquième avenue etc. Je crois qu'on est d'accord pour dire que l'on
avait tous faim à ce moment précis, alors la question est de
nouveau : que va-t-on manger ? Maddie veut absolument que
je goûte un burger américain, Scott serait plus pour que j'ai une
part de pizza. C'est finalement le burger qui l'emporte ! Pour
garer la voiture, il faut savoir qu'à New York, il n'y a visiblement
pas de parking comme chez nous : on doit payer un parking privé
tenu par un monsieur. On place donc la voiture pas trop loin du
restaurant où on pourra manger « the best burger ever »
comme ils disent ici. Et c'est vrai que je suis loin d'être déçu.
C'est croquant, croustillant et moelleux, les oignons sont parfaits,
le fromage est fondant, la viande est bonne … Les frites sont
peut-être un peu moins bien, mais pour ce qui est du burger, aucun
souci. J'adore la façon dont Maddie m'explique ce que je dois faire,
les initiatives qu'elle prend, c'est une petite fille très drôle,
et qui est très pertinente dans ses réflexions. Max me raconte sa
passion du soccer (notre football à nous). Ici, on ne traîne pas
trop dans les restaurants, une fois qu'on a fini, on s'en va. Maddie
finit donc son milkshake (mais qu'est-ce qu'il était bon ce
milkshake au chocolat!) - et on repart tranquillement. La famille
m'accompagne en direction de Times Square, puis devant aller à un
karaoké, m'explique rapidement comment fonctionnent les rues à New
York (facile hein, ce sont des numéros, donc ça augmente ou ça
descend de façon logique, pas de rue intitulée « rue du
boudin et débrouille-toi » ici). J'décide donc de commencer
par me rendre à HighLane. Mais que, quoi, qu'est-ce ? HighLane
est un ancien chemin de fer construit en hauteur qui a été
progressivement abandonné, et pour éviter de le détruire, ils ont
choisi de l'embellir, et d'en faire un parc piéton pour visiter la
ville. Il y a donc des plantes, des restaurants, et, grâce à la
hauteur, la vue sur toute la ville, puisque la voie la traverse
entièrement. J'me suis donc baladée un peu là, à admirer tout ça.
Puis, je suis redescendue, j'ai traîné un peu dans les rues, suis
tombée sur un Graphigro américain absolument génialissime où j'ai
rencontré plein de français, j'suis remontée jusqu'à Times Square
(!!) et j'ai fini par me dire qu'il fallait que j'me rende au Rogers
Theater pour mon show à Broadway. J'ai donc choisi d'aller voir
« If/Then », le show le plus populaire du moment parce
que la protagoniste est jouée par Idina Menzel, célèbre actrice
qui chante la version originale de « Libérée, délivrée »
dans la Reine des Neiges, ou qui a aussi joué dans « Il était
une fois » pour les connaisseurs. 19h45. J'arrive donc sur les lieux,
et là, mon « concierge » m'attend avec mes billets (en
réalité, il était en train de prendre des touristes en photo) –
je les récupère (amusant de devoir dire, épeler, expliquer mon nom
et mon prénom en anglais, vraiment...) et peux enfin gravir les
marches vers une petite mezzanine surélevée. Ah, le paradis. Le
show est vraiment impressionnant, bien chanté, bien mené, malgré
le peu de comédiens qu'il y a réellement sur scène. J'embête
juste tout le monde avec ma toux, mais bon – on va dire que c'est
pas grave. Les décors sont vraiment très ingénieux, et l'histoire
est bouleversante, et me fait bien évidemment pleurer … A la
sortie, entre la fatigue et les pleurs, il est très dur pour moi de
me concentrer, je me ressaisis rapidement : il ne faut pas que
je loupe le bus. Mais, sketch pas possible : impossible de
trouver l'arrêt du bus. Heureusement, Claudine m'indique celui où
il se trouve d'ordinaire, j'y arrive juste à temps. Ouuuf. Mais je
ne suis pas au bout de ms surprises. Claudine me dit de bien dire au
chauffeur que je m'arrête à « Lansing Place ».
J'attends donc notre arrivée à Montclair, où il y a trois arrêts
de bus, je ne sais juste pas dans quel ordre ils arrivent. Je me lève
donc pour aller voir le chauffeur et lui explique que je dois
descendre à « Lansing Place ». Il me regarde, et je me
sens comme en Russie lorsque j'essayais de communiquer avec des gens.
Je ne me démonte pas, je lui réexplique. Rien, pas de réponse, il
fait des « euuuh ». Je lui dis qu'il y a plusieurs arrêts
à Montclair, que je veux juste aller à celui qui s'appelle
« Lansing Place ». Il me dit qu'il ne sait pas où c'est.
Super. Je crois qu'il ne parle pas bien anglais en fait, il est
asiatique et à l'air tout perdu. Je respire, je lui demande si on
est à Montclair. Il me dit qu'il ne sait pas. Ouais, il ne sait rien
en fait. Puis, il me dit que Montclair, c'est grand. J'suis ravie de
le savoir. Je lui demande si on a passé l'arrêt, il me répond que
le prochain est dans une autre ville. Nan mais c'est quoi ce dialogue
de sourd ? Je lui demande de m'amener à Lansing Place, et le
gars m'ouvre la porte et me dit de descendre. Je descends. J'espère
que je suis bien à Montclair, mais de vue, on dirait que oui.
Claudine m'appelle à ce moment-là. Je lui explique la situation.
C'est très dur de se repérer à un croisement de route, j'essaye
donc de lui indiquer au mieux. Elle comprend où je suis, et me dit
qu'elle arrive. Le chauffeur du bus, pendant ce temps, hésite à
partir, et n'arrête pas de me parler avec des mots et un accent que
je ne saisis pas. Je lui dis de s'en aller, que c'est bon. Il
remonte, et pars. Quand Claudine me récupère, elle est au
téléphone, furax, en train d'engueuler le type de la compagnie de
bus parce que 1) ses employés ne connaissent pas les arrêts de bus
2) ils jettent des jeunes filles de vingt ans n'importent où, en
pleine nuit. Elle est ravie de me savoir en vie, de voir que rien ne
m'ait arrivé, mais elle me dit qu'elle ne fera plus confiance à ces
gens, c'est terminé. 0:30. Je rentre, Scott est toujours debout, au cas
où. Ils me font un thé, on discute – et ils décident de me
montrer le studio où Scott travaille. Wahou, c'est impressionnant.
C'est génial comme lieu de travail. J'adore. On finit par décréter
qu'il faut aller se coucher, il est tard. Et c'est vrai que je suis
absolument claquée. Mais – quelle belle journée !