Chers tous, je crois que vous ne pourrez jamais deviner ce qui vient de
m’arriver.



Cette journée commençait normalement. Du moins, c’est ce que je croyais. J’me
suis fait réveiller par la pluie qui tapotait contre les carreaux. Frigorifiée,
j’décide de migrer vers la cuisine prendre un thé et un bagel tout chaud, quand
je constate la présence de grêlons dans le jardin. Naaaaan, c’était tôt ce
matin ça, avant la pluie. Et puis, ça se calme. On aura peut-être du soleil cet
après-midi… C’est quand j’ai ouvert le porte à Rachelle, venue me chercher pour
passer la journée avec moi à explorer la ville que j’ai compris qu’après quatre
mois à vivre au Canada, je n’avais toujours pas retenu la leçon. Il neigeait
averse messieurs, dames. Il NEIGEAIT. Oui, vous entendez bien : un 25
avril, en pleine ville !! Well, ça ne tombe que moyennement bien pour
prendre le vélo. On se rapatrie donc sur la voiture, et direction un grand tour
des alentours ! On décide de faire halte dans le quartier le plus ancien
de la ville, pour observer les maisons. Comme il y a énormément de vent et
qu’on n’est que vaguement équipées pour de la neige qui s’accroche au sol (bah
oui hein, au mois d’avril, on pensait que l’herbe, les oiseaux, tout ça,
c’était acquis…), on se rend à Broadway Street, la rue principale, où Rachel
veut me montrer les trucs typiques à voir et à faire des habitants du coin.
Plein de boutiques trop sympas, avec des employés adorables qui nous demandent
comment on va, sont surpris de nous voir dehors avec un temps pareil, parlent,
rient et s’enthousiasment de notre visite… Un vrai bonheur ! On fait
quelques mini-galeries, dont une qui présente de la poterie que l’on doit
regarder avec des lunettes 3D pour voir les dessins peints dessus en
relief ! Juste énorme !! Puis, on commence à avoir un peu fin, et là,
idée de génie : et si on allait acheter du fromage français, du pain
français et qu’on se faisait un picnic d’intérieur ? Ni une, ni deux, nous
voilà dans la seule fromagerie de Saskatoon, qui importe tout son fromage chez nous,
et dans l’unique (ou il y en a peut-être une autre) boulangerie du coin. Haaaa,
du camembert et du pain de campagne, mon dieu c’que c’est bon ! Avec du
thé pour se réchauffer, dans une grande maison, à regarder les flocons tomber
et à débattre sur l’art et la culture dans nos sociétés actuelles. Un vrai
bonheur. Puis, on décide de se rendre à la galerie Mendel, réputée dans un
équivalent du guide Michelin. Et là, devinez quoi ? « C’est bizarre,
y a plus de feux sur cette route… Sur celle-là non plus… Mais pourquoi la
galerie est fermée un samedi ? » Bah, parce que la ville a une subite
coupure d’électricité. LA VILLE ENTIERE EN MEME TEMPS. Pendant plus d’une
heure. On décide donc d’arpenter les jardins intérieurs, en pensant que le
courant va revenir vite… Pensez-vous. C’est là, qu’on change de plan et qu’on
décide d’aller se promener dans le Mall le plus proche (un équivalent d’un
centre commercial). Mais tout est déjà en train de fermer, on a attendu trop
longtemps dans la partie « nature » de la galerie… Hormis un magasin
de bonbons comme j’avais jamais vu ça de ma vie. On décide de pénétrer dans le
temple du « tu-vas-tout-acheter-et-tu-le-sais » quand soudain… Je
tombe sur les Harry Potter beans, dont ma sœur et moi parlions depuis quelques
jours. C’est mort. C’est l’escalade. On veut tout essayer, tout ramener.
Vouzette, believe me, on va bien s’amuser à mon retour ! Prépare ton
ventre à succomber à la tentation ! x) . On remonte en voiture, et là, oh
surprise… Il nous reste une heure avant le commencement d’une pièce en
québécois à l’Auditorium de Saskatoon sous-titré en anglais ! (Oui, Rachelle apprend le français et écoute la radio québécoise, adore le théâtre, et du
coup, a trouvé une troupe de théâtre francophone qui joue dans les parages. Nice,
non ?). Comme on a un peu le temps, on se dit que ce serait parfait pour
simplement faire un petit détour par l’université et… aller explorer un peu ça.
J’suis scotchée : leurs bâtiments ont l’air très ancien, tout en pierre,
c’est vraiment magnifique. Encore plus sous la neige, ironiquement. Le plus
impressionnant reste le bâtiment de toutes les filières liées à la nature et à
l’environnement : ils ont carrément, au sein de l’université, constitué un
vrai musée d’histoire naturelle avec des squelettes de dinosaures, des
aquariums, des animaux… Absolument fascinant ! Et finalement… C’est le
grand moment ! Je suis de retour au théâtre ! Juste avant le début de
la pièce, on tombe sur un ami de Rachelle qui vient de l’Ontario francophone, et
qui fait exactement le métier que je voudrais faire ! Du coup, on discute
pas mal, on échange de façon tout à fait professionnel nos contacts, il prend
des stagiaires, on sait jamais ! La Raccourcie est donc censé aborder des
sujet plutôt sérieux, mais tout ceci est fait tout avec humour. Les deux
acteurs sur scène jouent plutôt bien, et l’histoire nous embarque rapidement
dans une relation père/fils des plus complexes mais aussi des plus profondes…
Mais je dois vous avouer quelque chose. Je dois vous avouer que… Le québécois n’est
pas du français, bon sang ! Particulièrement quand tu es obligée de lire
les sous-titres pour comprendre ce qui vient de se dire. Tout est différent,
l’accent, les expressions, pourvu qu’ils aillent un peu vite… La prononciation
aussi. « J’étais tout seul » devient « j’étais touTE
seul », ce qui donne aussi parfois des « t » prononcés alors que le
mot à l’écrit porte un « s », enfin bref. Ça n’ajoute que davantage
au charme de la pièce, qui est définitivement mon premier côtoiement de la
langue québécoise. Rachelle a l’air plus à l’aise que moi avec cet accent que je
ne maîtrise guère, je me demande comment elle fait. A la fin, son ami revient
avoir notre avis, échanger un peu avec nous. Et il est finalement temps pour
nous d’affronter la neige à nouveau. Elle ne s’arrête toujours pas de tomber.
Et elle tient (plus d’une dizaine de centimètres maintenant).


 



En résumé : qui peut se vanter d’avoir eu un combo neige en
avril/panne d’électricité de ville pendant un de ses voyages ? n’est-ce
pas juste incroyable ? Tant de rencontres faites grâce à ça aujourd’hui,
j’en ai oublié tellement en vous écrivant tout ça ! Mais bon, ça m’fera
des trucs à vous raconter à mon retour.



En résumé
2 : s’il continue à neiger demain, on ira peut-être au cinéma… Home ?
Insurgent ? Who knows ?



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card to someone.)