27.12.14.
Premier
jour à Saint-Pétersbourg.




11h40
(heure locale). Je descends du métro pour me rendre dans la rue
principale de Saint-Pétersbourg qui se trouve non loin de
l'Ermitage, fameux musée de la ville. J'en profite pour admirer un
peu l'architecture, et je ne peux m'empêcher de me dire que cette
ville est tout de même bien occidentalisée. Comme vous pourrez le
constater sur mes photos, ici, on ne manque pas de fast-foods (bien
américains soit dit en passant), ni de publicités. D'ailleurs, une
des premières choses que l'on aperçoit à la descente de l'avion ?
Une énorme enseigne Coca-cola qui trône sur une usine. Pas mal,
non ? C'est étrange, mais je m'étais imaginée ça autrement,
un peu plus « rustique » dira-t-on. Toujours est-il que
la Russie a des petits côtés bien à elle, ne soyez pas déçus :
les voitures, par exemple. Ici, on roule absolument n'importe
comment. Normal : pas de passage piéton, ou quand il y en a, il
manque le feu qui va avec. C'est un vrai labyrinthe pour les piétons
qui manquent d'y laisser leur vie à chaque instant – sans compter
sur le fait que la neige fondue et le verglas n'aide pas du tout à
la stabilité de la course. Autre phénomène assez singulier (qui
n'a pas grand chose à voir avec ma flânerie dans les rues), mais
l'eau ici est une véritable question : potable ou non ? On
a donc deux robinets : un pour la vaisselle, se laver les mains
et tout – l'autre, pour boire. Ne pas se tromper ou c'est la folie
dans ton bidou. Et déjà que je n'arrête pas de tousser, on va
tâcher d'éviter le reste … On développe d'ailleurs de supers
techniques pour lutter contre le froid quand on traverse une rue :
tu t'enroules jusqu'au nez avec des écharpes, et tu souffles de
l'air par la bouche dans ton écharpe pour garder la chaleur sur le
visage. Et oui, ici, il fait entre -10 et – 15°C.





Pour
revenir à mon escapade du jour, j'ai fini par arriver à l'Ermitage,
un bâtiment absolument incroyable devant lequel je suis restée
quelque temps, à contempler à la fois son architecture, la place
qui l'entoure et la calèche avec les chevaux qui avait été mise
devant pour l'occasion. Bien sûr, quand j'me suis dirigée vers
l'entrée, il a fallu travailler avec deux facteurs omniprésents
dans cette ville : toujours cette histoire de langue, et en plus
le fait que
l'on est perpétuellement dans un réapprentissage de la lecture. On
s'rend vite compte qu'en France, nos yeux se baladent, et on lit tout
automatiquement, sans effort, même si on ne veut pas lire ce
merveilleux panneau « sortie de grenouilles nocturne » …
Ici, tout est écrit en cyrillique (que je sais lire, bien
heureusement pour moi) et même des écriteaux comme « Leroy
Merlin » (Лероя
мерлин) deviennent un combat de plusieurs minutes pour la
victoire finale : « le, le, lerrroille mierl, mierliiiine,
ah, leroy merlin, j'ai compris ! ». Après donc avoir
galéré dans un anglais russifié pour obtenir un ticket, il a fallu
aller au vestiaire (obligatoire) et enfin la visite a pu commencer –
je ne suis pas déçue du voyage ! Tout est à voir, aussi bien
l'intérieur du bâtiment que les peintures qu'il propose, les
tapisseries, les sculptures, les objets, les costumes ! A tel
point que je suis restée l'après-midi à arpenter les allées, les
couloirs et les salles du musée. Magnifique, vraiment. Coup de cœur
sur un tableau : Defeat of the Turkish Fleet at the Battle of
Chesma, par Hackert (XVIII-XIXème siècle) où l'on peut admirer
plusieurs navires sur la mer au milieu d'une explosion comme je n'en
avais jamais vu représenter. J'dois avoir une bonne tête, parce que
depuis que je suis arrivée en Russie, il y a plein de gens qui
viennent me parler – en russe, bien sûr. Du coup, je sors ma
phrase rituelle, devenue la plus prononcée de ces deux derniers
jours : « I'm sorry, I don't speak Russian » ;
et c'est à ce moment-là que soit on me regarde comme un
extraterrestre en continuant de me parler russe, soit qu'on tente de
communiquer avec moi dans un anglais tellement mauvais et accentué
bizarrement que je comprends un mot sur quatre … Mais bon, je
rencontre du monde, c'est toujours intéressant, tout l'monde est
bien sympathique ici ! Et puis, ça nous apprend les coutumes
locales. Du type, la politesse. On ne dit pas merci, ni désolé à
Saint-Pétersbourg. Ou en tous cas, quand j'ai le malheur de
prononcer ces mots, on ne me répond jamais, et on me regarde
bizarrement – et quand je tiens la porte à quelqu'un par exemple,
les russes ne disent jamais rien, ce qui est presque inenvisageable
chez nous.





Après
donc cinq ou six heures à traîner au milieu de la culture
personnifiée, l'équipe du musée a fini par me demander de regagner
la sortie pour qu'ils puissent fermer. Je sors, et là, surprise :
sur le bâtiment en face de l'Ermitage, une projection lumineuse !
Comme une fête des lumières place Terreau en somme, mais à
Saint-Pétersbourg ! Incroyable !! J'suis restée un peu
sous la neige à regarder ça (oui, depuis le milieu de l'après-midi,
on a eu une véritable tempête de neige), avant de prendre doucement
le chemin du retour. J'me sentais absolument déshydratée, et bien
qu'il y ait un peu partout de nombreux vendeurs ambulants de café et
de thé, c'est d'eau dont j'avais besoin (ou de fruits, oh oui, d'une
bonne clémentine ou d'une pomme bien juteuse...). Un samedi soir en
ville, il y avait pas mal de monde – j'ai dû prendre le métro
(qui fait très peur tant il est penché et long, j'ai l'impression à
chaque fois que je vais tomber), et ai fini par aller me mettre au
chaud, à la maison, devant un bon verre d'eau. Mais avant, en
attendant Robin, j'ai commencé un bonhomme de neige ! (Bouli,
oh, Bouli...)




Et
au menu du soir, spécialité locale : du sarrasin – qu'ils mangent
ici comme du riz. C'est pas excellent, excellent, mais ça passe bien
et ça nourrit.